Le poulpe au regard de soi(e)


« Le poulpe au regard de soi(e) » est une réinterprétation des Chants de Maldoror mêlant technique de photographie ancienne, poésie surréaliste et intelligence artificielle. C’est une exploration de cette dernière, entre sombre fascination et angoisses intrinsèques. Une lente dérive antéfuturistique entre l’œuvre matériel et les limbes numériques.

En donnant en pâture à un outil de génération d’images par intelligence artificielle de longs extraits de la prose surréaliste du Comte de Lautréamont (tordant ainsi son utilisation ; les « prompt » sont censés être courts et littéraux) nous obtenons un premier lambeau de visuel qui nous sert de base de travail. De façon similaire à un collage nous y ajoutons d’autres éléments générés à partir du même passage. Nous laissant guider par la représentation de la pensée tentaculaire de ce réseau neuronal, nous errons de fragments en fragments jusqu’à la création d’images complètes. Images dont nous tirons des négatifs permettant la création de cyanotypes, processus photographique vieux de deux siècles, dont l’invention coïncide avec la naissance d’Isidor Ducasse. Une fois tirés, ces cyanotypes sont soumis à différents processus pour renforcer leur unicité matérielle.

À l’instar des Chants de Maldoror le travail est ici découpé en six séries, une pour chaque Chant, et les techniques utilisées évolues comme Ducasse faisait varier son style littéraire au gré de l’avancé de son œuvre. La majorité des individus de nos sociétés contemporaines sont d’ores et déjà d’une façon ou d’une autre influencée par l'intelligence artificielle, nourrie par nos datas. Dans l’ensemble des Chants, pour matérialiser cette évolution en cours, nous soulignerons peu à peu l’indécence de L’I.A. pour la faire évoluer vers la matière.

À l’heure où le débat est vif dans le monde de l’art et de la photographie sur la place et l’utilisation de l’Intelligence artificielle, cette série un dialogue entre le passé et le présent. Une réflexion et un questionnement sur le futur de la photographie et du processus créatif. En nourrissant l’IA de ce contenu de “ces pages pleines de poisons”, on obtient une série d’images surréaliste à la fois belle, angoissantes et disruptives à l’instar du matériel original qui posent beaucoup plus de questions qu'elles n'apportent de réponses.

Chant I

Le Chant I est composé de 22 cyanotypes issue d’autant d’extraits de l'oeuvre de Ducasse. Ces œuvres physiques sont littéralement peintes avec de la lumière mais il leur manque l’acte photographique initial. Se qualifient-elles de photographies ?

Chant II

Le Chant II est composé de 25 cyanotypes tirés sur feuilles d’or choisies parmi des centaines de visuels générés à partir du même passage. Il s'interroge sur l'unicité de l'Oeuvre d'art.

Chant III

Le Chant III fait intervenir rouilles et produit chimique corrosifs pour amplifier la détérioration, créant ainsi une génération aléatoire et analogique se superposant à celle de l’IA. 3 images sont tirées 7 fois chacune et plus moins soumise à ce processus.